Grande Caraibe : qui sont les moteurs de la coopération caribéenne ?

A l’évocation de Grande Caraïbe, certains s’imaginent un patchwork d’îles et de territoires continentaux reliés par la mer. Cependant, cette mosaïque n’existe pas seulement dans les cartes ou les rêves : elle prend vie à travers une coopération régionale dense, parfois chaotique, mais indispensable. Dans ce vaste espace, plusieurs pays jouent un rôle clé et tirent les fils de l’intégration.

Les poids lourds historiques

Cuba reste incontournable. Malgré le blocus, La Havane a fait de la solidarité médicale un instrument d’influence et accueille le siège de l’Association des États de la Caraïbe (AEC). De son côté, Trinidad-and-Tobago s’impose par son énergie : gaz, pétrole, institutions régionales et une diplomatie qui pèse dans les grandes négociations. La Jamaïque, forte de sa démographie et de son rayonnement culturel mondial, conserve une place pivot au sein de la CARICOM et joue souvent les médiateurs.

Les acteurs en pleine ascension

La République dominicaine profite de sa croissance économique pour s’affirmer, multipliant les initiatives dans l’AEC, même si ses tensions avec Haïti limitent parfois son potentiel d’intégration. La Barbade, petite par la taille mais grande par la voix de sa Première ministre Mia Mottley, s’est imposée sur la scène internationale, notamment dans la bataille pour la justice climatique et financière. Le Guyana, grâce à ses découvertes pétrolières, se transforme rapidement en nouvelle puissance régionale.

Les piliers symboliques

Haïti, membre francophone de la CARICOM, incarne une légitimité historique indiscutable. Sa trajectoire chaotique n’empêche pas son rôle de point de ralliement symbolique pour la Caraïbe. Le Suriname, discret mais stratégique, sert de passerelle entre le continent sud-américain et le monde caribéen.

Les moteurs discrets mais stratégiques

La Grande Caraïbe ne se limite pas aux îles. Le continent joue aussi un rôle déterminant dans l’équilibre régional.

  • Venezuela : longtemps pilier de la coopération énergétique avec son programme PetroCaribe, Caracas a consolidé des liens forts avec les petites îles, même si son influence s’est réduite avec la crise économique.
  • Colombie : acteur clé de l’AEC, elle intervient sur les dossiers de sécurité maritime, de lutte contre le narcotrafic et d’adaptation climatique.
  • Panama : grâce à son canal et à son rôle logistique, il est un hub incontournable pour les échanges commerciaux de toute la région.
  • Belize : membre actif de la CARICOM, il occupe une position singulière comme passerelle entre l’Amérique centrale et l’anglophonie caribéenne.

La coopération caribéenne, entre institutions régionales et alliances ponctuelles, avance au gré des intérêts et des crises. Pourtant, une évidence demeure : sans l’implication de ces moteurs – insulaires comme continentaux – la Grande Caraïbe ne pourrait espérer peser dans l’hémisphère.