Guadeloupe : carême et hivernage rythment (vraiment) la vie

Actuellement, c’est vraiment la période que je préfère le moins en Guadeloupe. Il fait frais le matin, la nuit tombe très tôt, et les pluies se multiplient. Nous sommes en hivernage.

Le carême : lumière, énergie et vie dehors

Le carême, de décembre à mai, reste la saison sèche, celle que beaucoup préfèrent. Ciel clair, vent doux, journées lumineuses… c’est la période où l’on vit littéralement dehors. On organise des randonnées, des pique-niques, des barbecues sur la plage. Les moustiques se font plus discrets.
La terre chauffe doucement, les manguiers se chargent de fruits, les événements en plein air s’enchaînent. On retrouve cette sensation très caribéenne d’être porté par la lumière.
Le changement climatique vient pourtant perturber cette logique. Certaines années, la saison sèche se raccourcit. D’autres fois, elle se prolonge avec une sécheresse plus marquée. On n’est plus dans un cycle parfaitement régulier.

L’hivernage : un autre tempo, plus lourd, plus vert

De juin à novembre, place à l’hivernage. L’air devient plus lourd, les pluies quotidiennes s’installent, la végétation explose. Tout devient vert, brillant, presque fluorescent.
On jongle avec les averses pour organiser sa journée. On surveille les alertes météo, on garde un œil sur la mer, on adapte sa semaine en fonction des systèmes tropicaux annoncés.
Là aussi, le climat change la donne. L’hivernage démarre parfois plus tôt ou plus tard. Les épisodes de pluies intenses sont plus fréquents. Les événements extrêmes — fortes averses, inondations localisées, tempêtes violentes — sont plus marqués qu’il y a vingt ou trente ans. On ne peut plus se fier totalement au calendrier classique.

Malgré les contraintes, cette saison révèle une beauté particulière. Les cascades regonflent, les forêts respirent, les paysages deviennent spectaculaires. Certaines nuits fraîches sont presque un luxe. La pluie du soir invite au calme. Même sous un ciel lourd, la Guadeloupe reste photogénique, vivante, surprenante.

Un cycle qui existe toujours, mais qui change

Le carême et l’hivernage sont moins prévisibles. Le changement climatique brouille les limites, accentue les extrêmes, déplace les repères. Cependant, ils existent encore. Ils cadrent toujours nos modes de vie, nos habitudes, nos conversations. Les agriculteurs doivent composer avec des pluies irrégulières ou des sécheresses prolongées. Les artisans du bâtiment réorganisent les chantiers. Les commerces de plein air s’adaptent. Les festivals prennent davantage de précautions. Cette alternance continue de façonner l’économie et les pratiques.