Le canal du Panama en pleine mutation pour affronter le futur

Le canal de Panama, artère vitale du commerce maritime mondial, est en pleine mutation. Face aux défis climatiques, à la pression du trafic et à la nécessité de diversifier ses revenus, l’Autorité du canal mise sur plusieurs chantiers d’envergure :

  • un gazoduc interocéanique pour renforcer son rôle énergétique
  • la construction d’un réservoir sur la rivière Indio pour sécuriser l’approvisionnement en eau
  • de nouveaux ports capables d’absorber l’explosion du fret.

Des projets stratégiques, mais aussi contestés, qui redessinent l’avenir de cette infrastructure centenaire.

  1. Un gazoduc interocéanique (Canal Pipeline Project)

  • Le Panama a lancé un projet énorme : un gazoduc traversant la zone du canal pour former un nouveau corridor énergétique interocéanique. Le processus de sélection des candidats commence cette année, et un concessionnaire devrait être nommé d’ici à fin 2026.
  • Ceci fait partie d’une stratégie pour diversifier les revenus du canal, maximiser sa capacité de transport de fret sans consommer plus d’eau, et renforcer son rôle stratégique dans le commerce mondial.
  • Déjà évoqué en mars, ce projet pourrait acheminer du GPL (liquefied petroleum gas) vers notamment le marché asiatique. On parle même de capacités pouvant atteindre 1 million de barils par jour, voire 2 millions dans une décennie, selon les études.
  1. Réservoir sur la rivière Indio

  • Afin de garantir l’approvisionnement en eau, critère vital pour les traversées, l’Autorité du canal a approuvé la construction d’un nouvel “lac” artificiel, un réservoir sur la rivière Indio, considéré comme un investissement public majeur de la décennie à venir, avec une durée de construction estimée à six ans.
  • Ce projet est évalué à environ 1,6 milliard USD et promet d’ajouter 12 à 13 passages quotidiens supplémentaires au canal, tout en assurant l’eau douce pour plus de 2 millions de personnes à Panama City.
  • Toutefois, cela suscite des protestations : des paysans et riverains craignent l’inondation de leurs villages (environ 2 000 personnes concernées) et l’absence de consentement communautaire. Les autorités répondent que Bayano Lake (alternative proposée) poserait des problèmes logistiques bien plus massifs (200 000 déplacés).
  1. Grands projets portuaires (Port Corozal et Port Telfers Island)

  • L’Autorité du canal prévoit de lancer des appels d’offres pour la construction et l’exploitation de deux nouveaux ports : l’un sur le Pacifique (Port Corozal), l’autre sur l’Atlantique (Port Telfers Island)
  • Vision stratégique : porter la capacité annuelle du canal de 9,4 millions de Twenty-foot Equivalent Unit (TEU) à… 15 millions de TEU sur la décennie à venir
  • L’investissement global prévu atteint 8,5 milliards USD (7,82 milliards d’euros) sur cinq ans, intégrant ces ports, un potentiel oléoduc/pipe de gaz, et un barrage sur l’Indio River, toujours en phase judiciaire.

Mylène Colmar

Journaliste, consultante éditoriale et éditrice, je vis en Guadeloupe, archipel au coeur de la Grande Caraïbe.
Caribbean blogger depuis 2007, je tiens Le blog de Mylène Colmar depuis 2015.
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