Dans la Caraïbe, composée de nombreuses îles relativement proches, les ferrys, bateaux rapides, traversées régulières semblent être le mode de transport idéal pour les passagers. Pourtant, dans la Grande Caraïbe, ceci reste marginal. Le transport aérien, les contraintes géopolitiques, économiques, techniques, ou encore les risques liés à la mer, dominent.
Les distances maritimes sont plus grandes qu’on ne le pense
Beaucoup d’îles paraissent proches sur une carte, mais en réalité, elles sont séparées par des centaines de kilomètres de mer souvent agitée. Par exemple, entre la Guadeloupe et la Barbade, il y a plus de 400 km. Faire ce trajet en ferry prendrait de longues heures, contre une heure d’avion.
Une mer difficile et imprévisible
La mer des Caraïbes et l’Atlantique Nord sont réputés pour leurs houles fortes, surtout en saison des alizés et pendant les cyclones. Cela rend les traversées inconfortables, voire dangereuses. Contrairement à la Méditerranée ou la Baltique, la mer n’est pas plate.
La domination du transport aérien
Historiquement, les compagnies aériennes régionales (LIAT, Air Caraïbes, Caribbean Airlines, etc.) ont occupé l’espace, soutenues par les gouvernements. L’avion est rapide, rentable à certaines échelles, et les infrastructures aéroportuaires sont bien développées. Les États ont donc investi dans l’aérien plutôt que dans le maritime.
Les barrières administratives et douanières
Chaque traversée entre deux îles implique une frontière : contrôle d’immigration, douanes, normes de sécurité maritime différentes. Cela alourdit la logistique et rallonge les temps de trajet. Contrairement à l’Union européenne où les ferrys circulent facilement, la Grande Caraïbe reste très fragmentée politiquement (françaises, britanniques, hollandaises, espagnoles, indépendantes).
Le coût des infrastructures
Développer des liaisons maritimes régulières demande des ports adaptés, des terminaux passagers, des ferrys modernes rapides et confortables. Or, peu d’États caribéens ont investi dans ce domaine. Les rares projets (comme le ferry Express des Îles entre Guadeloupe, Martinique, Dominique et Sainte-Lucie) se limitent à des routes courtes et rentables.
La culture du voyage
Dans la Caraïbe, le réflexe est de prendre l’avion. L’idée du ferry reste marginale, sauf pour les trajets très courts (Trinidad-Tobago, Saint-Kitts-Nevis, Sainte-Lucie-Martinique).
Résultat : le ferry reste un transport de niche, surtout utilisé pour les trajets de moins de 3 heures. Pour les autres liaisons, l’avion domine, malgré son coût élevé. Au lieu d’être une évidence, il reste un défi logistique, financier et politique.