A la rencontre d’étudiants en BTS, à cœur ouvert : entre incertitudes et ambitions pour l’avenir

Ah, la jeunesse… J’ai déjà dit, écrit, à de multiples reprises, que j’apprécie beaucoup d’échanger avec les jeunes, d’apprendre d’eux. Et lorsque j’identifie des qualités chez eux, j’ai à coeur de leur offrir des opportunités. La première raison est que c’est une évidence de le faire. La seconde est que dans ma vingtaine, d’autres m’ont ouvert des portes pour que je puisse avancer sur la voie que je souhaitais emprunter et je trouve normal de le faire à mon tour. 

En Guadeloupe, être jeune, ce n’est pas facile. Comme ailleurs, me direz-vous… Sans doute. 

Cependant, en matière d’études, l’horizon est souvent limité, pour ne pas dire bouché, et le départ reste alors la seule solution. Certes, il y a plus d’options dans notre archipel, voire dans la Caraïbe, qu’à mon époque. Néanmoins, à l’heure où vient d’être annoncée l’ouverture d’un 2e cycle de formation des études de médecine en Guadeloupe pour la rentrée 2023, vous comprendrez que beaucoup reste à faire. 

En plus, les jeunes doivent faire avec nombre de problématiques, certaines ayant été évoquées dans cette vidéo du média Yoottle, que je vous invite à regarder. 

 

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Belle initiative

Je fais un long préambule, mais il y a des rappels qui sont nécessaires. Cela dit, j’en reviens au sujet principal de ce billet : la rencontre entre des étudiants en BTS Services Informatiques aux Organisations (SIO) et six entrepreneurs, dont je faisais partie, à l’initiative des ces étudiants de BTS et du lycée de Baimbridge. Par la suite, l’association 100 000 entrepreneurs DOM a été contactée et a appuyé cette belle initiative, dans le cadre de la semaine de la sensibilisation des jeunes – femmes et entrepreneuriat. 

 

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Rendez-vous nous était donné au lycée de Baimbridge aux Abymes, le 21 mars à 14h. Je dis nous, parce que j’y suis allée avec Jessica Brudey, mon associée et amie, entrepreneure bien connue en Guadeloupe, présidente de Foodîles et de The Flamboyant Agency. 

 

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Je dois avouer que, même si j’ai l’habitude des interventions pour 100 000 entrepreneurs, cette rencontre avait une saveur particulière, puisqu’elle se tenait dans mon ancien lycée. Nostalgie nostalgie. Cependant, comme le lycée est en cours de reconstruction, nous étions dans un des nouveaux bâtiments et je n’ai donc pas eu le temps de me laisser aller à mes souvenirs… Bref.

Echanger pour mieux se connaître

Une fois dans la salle, nous nous sommes retrouvés face à quelque 75 élèves, et parmi eux, deux femmes. Je savais que les filières informatiques étaient majoritairement masculines, mais tout de même ! Le choc. En regardant tous ces jeunes hommes, j’avais l’impression d’un tel saut en arrière pour les femmes. 

Qu’allons-nous faire pour que plus de jeunes filles aient envie de faire des études informatiques en Guadeloupe ? Des solutions fortes, efficaces, doivent être trouvées et mises en oeuvre. 

Après une courte introduction d’Elise Alexis, animatrice région Guadeloupe de 100 000 entrepreneurs, et de l’enseignante Gilda Speno, nous sommes passés au vif du sujet : partager notre parcours, nos expériences et conseils aux jeunes. Le format : cinq groupes d’une dizaine d’étudiants chacun. Suivant un système de rotation, nous intervenions l’un après l’autre durant 30 minutes. 

Les intervenants du jour, en compagnie d’Elise Alexis (à l’extrême gauche) : Jeanice Bordes, Didier Nelson, Willy Camalet, Mylène Colmar, Jessica Brudey, Sophie Lubin.

J’ai d’abord demandé aux jeunes de se présenter succinctement : nom, prénom, leurs études, leurs ambitions. J’ai voulu écouter pour mieux savoir quoi leur dire, répondre à leurs interrogations. Eh bien, je peux vous assurer que j’ai été impressionnée par eux, par certains plus que d’autres bien sûr, mais dans l’ensemble que de jeunes gens affirmés, réfléchis ! 

La grande majorité étaient dans cette filière par ce qu’ils savaient qu’ils voulaient exercer un métier dans l’informatique ; beaucoup dans les « réseaux », quelques-uns hésitant à se spécialiser dans la cybersécurité. Si j’ai bien compté, cinq voulaient continuer leur études en faisant une école d’ingénieurs dans l’Hexagone. D’autres envisageaient d’aller à l’Université des Antilles pour effectuer une licence, ou encore de partir ailleurs. Pas facile de se décider, d’autant plus que le contexte n’est pas évident, avec la crise sanitaire notamment ! 

Plusieurs étudiants ont aussi opté pour la création d’applications, de sites internet. Bien sûr, c’est un domaine d’activité qui ne connaîtra pas la crise de sitôt et cela, ils en sont bien conscients. Seront-ils salariés ou entrepreneurs ? Beaucoup m’ont expliqué que l’entreprenariat, cela ne serait que par la suite. Ils préféraient d’abord acquérir de l’expérience et ensuite réfléchir à se lancer en tant qu’auto-entrepreneur ou en créant leur entreprise. Je les ai trouvé si raisonnables… Ils m’ont semblé bien loin de fantasmer sur la vie entreprenariale. Et de toute manière, je leur ai assuré qu’ils ne devaient pas se sentir forcer d’entreprendre, ou vouloir le faire pour les mauvaises raisons. 

La vraie vie d’un chef entreprise, ce n’est surtout pas la totale liberté, la richesse et les voyages aux quatre coins du monde, ces facettes souvent mises en avant dans les reportages télévisés ou des posts sur les réseaux sociaux. Cela peut être cela, mais de manière générale, il faut d’abord gagner l’argent pour profiter. 

Le succès est le fruit d’un travail acharné, avec des heures et des heures de travail, (quasi) tous les jours, des maux de tête, des sacrifices.

Mauvaises orientations et incertitudes… 

Parmi ces jeunes, quelques-uns étaient là du fait d’une mauvaise orientation. C’était le cas pour l’une des deux seules filles ! Elle m’a affirmé avoir fait ce choix par défaut, car elle veut exercer un tout autre métier. J’en ai été bien attristée pour elle et j’espère qu’elle pourra rebondir, en trouvant la motivation et les solutions incontournables. 

Un jeune homme m’a dit qu’il voulait être ingénieur du son et qu’il fallait qu’il trouve une école dans l’Hexagone. Et ensuite, il lui faudrait trouver les moyens de (bien) vivre là-bas. J’ai pu mesurer mille fois, au fil des ans, combien mes cousins et moi avions eu la chance de pouvoir poursuivre des études supérieures à Paris ou en province dans de bonnes conditions. Ma mère m’a élevée seule et cela n’a pas toujours été évident pour elle, mais elle a tout mis en oeuvre pour m’offrir cette opportunité. Je ne l’oublierai jamais. 

Tous les parents n’ont pas les ressources pour le faire, même s’ils le voudraient. Des aides existent, mais parfois elles peuvent s’avérer insuffisantes. Hélas !

Voir les ouvertures, saisir les opportunités

J’avais surtout à coeur de dire à ces jeunes qu’il n’y a pas un seul chemin et qu’en dépit de tout, l’important est de trouver des ouvertures et de ne pas avoir peur de saisir les opportunités. Il n’y a pas que la France dans la vie, par exemple ! 

Je leur ai raconté mon parcours qui est plutôt en ligne droite  – un master à Paris, une école de journalisme au Canada, deux ans en tant que salariée en Guadeloupe, puis finalement l’entreprenariat… J’ai essayé surtout de leur montrer que cela n’avait pas été facile. 

Mon parcours est le résultat de peurs dépassées, de risques pris, d’embûches surmontées. 

L’idée n’était pas de leur dresser un tableau tout sombre, mais de leur parler de mes réalités. L’objectif était de leur montrer toutes les nuances possibles à travers leurs questionnements et mes réponses, à travers mes interrogations et leurs points de vue. J’ai aimé échanger avec eux, car notre conversation leur a peut-être donné une clé ou deux, mais elle m’en a donné aussi. 

Pourquoi suis-je entrepreneure ? Pourquoi ai-je choisi ce chemin ? Est-ce que lorsque j’étais étudiante j’aurais dû/pu opter pour un autre chemin ? Et si j’étais à leur place, à leur époque, qu’aurais-je fait ? En leur parlant, j’ai pu éclaircir quelques points dans ma tête et j’espère qu’eux aussi, en nous rencontrant, ont pu approfondir leur réflexion sur ce qu’ils désirent vraiment pour leur avenir. 

Partir, rester, poursuivre dans cette voie, en changer, devenir salarié ou entrepreneur, faire les bons choix… Il s’agit avant tout de s’interroger à leur âge. Cependant, je me suis aperçue qu’à toute période de sa vie, il arrive de se poser ce type de question. 

Et au final, l’important est d’avancer, de progresser en ligne droite ou en zigzag. En résumé, #letravailcontinue !

En images, quelques exemples de retours sur ce que les jeunes ont retenu.

Merci au étudiants et aux enseignants du lycée de Baimbridge, en particulier Gilda Speno, pour l’invitation, l’organisation de cet échange, ainsi qu’à l’association 100 000 entrepreneurs.

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