Après avoir assisté à Startup.gp, le 19 mai, je savais que je lui consacrerais plusieurs billets, car cet événement sur les startups et le monde du numérique avait été fort riche en informations et en conseils. Cependant, je ne pensais pas que j’aurais un tel résultat.
Il m’aura fallu deux mois et 5 billets pour rapporter l’essentiel de ce que j’ai retenu.
Les 4 premiers sont déjà en ligne :
- Startup.gp 4 en Guadeloupe : 5 tops et 5 flops
- Pas facile d’être startuper en Guadeloupe, mais eux, ils continuent !
- Caraibe : de l’art et la manière de faire rimer startup et succès (partie 1)
- Caraibe : de l’art et la manière de faire rimer startup et succès (partie 2).
Et vous êtes en train de lire le dernier, qui constitue aussi le troisième volet de la série « startup et succès ».
Quels sont les éléments essentiels qui faciliteraient la vie des startupers, des entrepreneurs du numérique ? Nombre de besoins et d’outils ont été évoqués durant Startup.gp.
► Pour un écosystème fort, encore et toujours
Ecosystème par ci, écosystème par là… Cela fait des années que nombre d’acteurs du numérique locaux, parmi lesquels GuadeloupeTech, affirment vouloir un écosystème plus développé, structuré, puissant.
L’écosystème devrait être constitué de l’ensemble des acteurs du secteur motivés à échanger, collaborer.
Cependant, ces acteurs sont très nombreux : porteurs de projets, startupers, entrepreneurs individuels, entreprises, grands groupes, institutions, associations, etc. Et bien sûr, les visions et besoins diffèrent en fonction des besoins.
Ajoutez à ceci le fait que le monde du numérique évolue à vitesse grand V, le nombre de ses acteurs aussi. Un jour là, le lendemain non. Vous comprendrez qu’il est bien difficile d’avoir une vraie « visibilité » sur l’écosystème local.
Ce contexte rend difficile les échanges, les collaborations pérennes, qui permettraient justement de développer ce même écosystème.
L’impression dérangeante de tourner en rond, non ?
► Plus de lieux de rencontres et de collaboration
Pour que cet écosystème se développe, il faut des espaces pour que les acteurs collaborent dans des conditions optimales. Je ne vous parle pas de simples salles de réunion, mais de lieux ouverts, bien équipés en connexion internet et matériels divers, pour faciliter, voire inciter, les interactions entre acteurs du numérique.
Quels sont ces types de lieux ? Quelques exemples.
- la pépinière Audacia, située à Baie-Mahault, où sont « hébergées » plusieurs startups, et le cluster GuadeloupeTech y a aussi un bureau.
- le Fablab de Jarry : un hangar de fabrication numérique situé à Jarry
- des espaces de coworking comme Le Spot à Jarry ou le Café Doxa, non loin de l’aéroport aux Abymes.
En direct du co-lunch du Spot, espace de #coworking à Baie-Mahault, avec Satyam Dorville qui a co-fondé @carfullyapp. #startup #Caraibe pic.twitter.com/PDozdt8byJ
— Mylène Colmar (@Mycho) 27 juin 2017
Il faudrait, bien sûr, plus de lieux comme ceux-là, aux quatre coins du département.
► Ah, cette tant désirée connexion internet très haut débit
Je ne reviendrai pas sur le fait que le wifi gratuit et de bonne qualité, mis à disposition dans des lieux de tenue d’événéments grand public, est une denrée plus que rare en Guadeloupe…
Imaginez un archipel où chacun disposerait d’une connexion internet très haut débit, à des coûts raisonnables.
Rêvons d’un archipel où il n’y aurait plus de zones blanches, c’est-à-dire tous ces espaces qui n’ont pas de connexion du tout, mais aussi plus de pannes intempestives, de débits lacunaires.
Cela permettrait de développer des projets encore plus ambitieux, parce que :
- le nombre d’utilisateurs – et donc de client – serait plus important
- les sites internet prendraient moins de temps à charger, d’où un champ des possibles en termes de fonctionnalités plus grand
- les gens ne regarderaient pas à plusieurs fois avant d’installer une application sur leur smartphone, par crainte que cela leur entraîne des frais liés à une consommation de données en 3G/4G excessive.
Et j’en oublie sans doute… Pensez-y !
► Besoin (désespérément) d’incubateurs, d’accélérateurs et d’investisseurs
Les besoins en termes d’accompagnement multiforme étaient éclatants lors de Startup.gp.
- conseils : nombre de startupers/entrepreneurs ont souligné combien ils avaient recherché des avis éclairés pour ne pas (trop) faire fausse route. Pour certains, ce ne fut vraiment pas chose facile. La réalité est que dans le monde « mouvant » du numérique les certitudes d’hier sont les doutes d’aujourd’hui et vice-versa.
- soutiens administratifs : même si beaucoup d’informations sont disponibles sur le net, que des démarches en ligne peuvent être effectuées, il reste que tout le pan administratif pour créer une entreprise, élaborer son business plan, monter des dossiers pour décrocher des financements régionaux, européens, etc. reste une lourde charge.
- financements : le nerf de la guerre dit-on… Avec le numérique, ce qui est bien est qu’avec un minimum de connaissances et de détermination, on peut se former sur le net et acquérir des compétences qui permettent de limiter les coûts.
Cependant, cela ne suffit pas. Pour survivre longtemps et grandir, il faut de l’argent. Différentes solutions :
_l’entourage, ce que l’on appelle le love money : généralement, les parents et amis sont les premiers à y croire et donc à investir.
_ le crowdfunding : faire appel au public, une solution pas si évidente. La startup An sav fè sa a réussi à le faire récemment, mais pour cela elle s’est appuyée sur une communauté forte et a lancé une belle opération de communication sur le net et sur le terrain.
_ les banques : il faut les convaincre et ce n’est pas du tout chose aisée.
_ les financeurs publics : des (gros) dossiers à monter, nombre de conditions et critères et une somme qui arrive souvent des mois après… Dur dur.
_ les investisseurs privés : des partenaires, des financeurs dans le cadre de levées de fonds, tout est envisageable, mais il faut se préparer à répondre à différentes demandes/exigences en retour.
► De l’importance des exemples de réussite
Créer une startup, une entreprise, la développer, en faire un succès, cela demande du travail, beaucoup. Il y a des hauts et des bas, des détours et détours, des désillusions et des victoires.
Il s’agit de s’informer, de collaborer, de démarcher, de tester, de convaincre, de vendre, de s’acharner. Avec patience.
Cependant, pour faire tout cela, tout en gardant sa détermination, la conviction que cela est possible est indispensable. Les exemples de réussite sont déterminants, je dirais même primordiaux, en ce sens.
Je remercie l’ensemble des intervenants qui ont permis que je puisse rédiger ces 5 billets. Merci également à GuadeloupeTech, cluster de l’économique numérique, qui a organisé Startup.gp.