Vu de Guadeloupe : le Québec, si proche, si loin

Vu de Guadeloupe : le Québec, si proche, si loin

L’Europe économiquement morose, les États-Unis de plus en plus inaccessibles, la Guadeloupe se tourne vers le Québec.

La province canadienne ne manque pas d’atouts de séduction : dynamisme, coût de la vie intéressant et sens de l’accueil. Et elle possède une carte maîtresse : sa langue officielle est le français. Mais tout n’est pas rose : le prix du billet d’avion reste très cher, les visas s’obtiennent sous de strictes conditions.

La Guadeloupe, département français peuplé de 451 000 habitants, est confrontée à un problème de taille : elle compte 22,7 % de chômeurs selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSÉÉ). Son taux de chômage est plus de trois fois supérieur à celui de la métropole – qui se chiffre à 7,2 %. En outre, les plus touchés sont les femmes et les jeunes de moins de 30 ans.

A la recherche de solutions pour combattre le chômage, la Guadeloupe s’est tournée vers le Québec, à moins de quatre heures en avion.

La province canadienne possède une bonne réputation aux Antilles : la population parle français, les habitants sont connus pour leur gentillesse et il est assez facile de louer un logement, de trouver un travail et de s’y installer.

En plus, grâce à l’euro fort, les Guadeloupéens partent avec un avantage non négligeable : pour 100 euros, ils obtiennent environ 160 dollars canadiens, au cours actuel.

En décembre 2007, la Guadeloupe a donc signé avec l’Office franco-québécois de la jeunesse (OFQJ) une convention qui encourage les jeunes guadeloupéens étudiants, demandeurs d’emploi ou créateurs d’entreprise âgés de 18 à 35 ans à tenter l’aventure québécoise.

« La convention vise des stages en milieu professionnel, des missions commerciales ou la par ticipation à des délégations thématiques au Québec. Tous les domaines d’activité sont envisageables (à l’exception du bâtiment) », indique l’OFQJ sur son site internet.

Le département soutient les stagiaires avec des aides financières variables selon leur situation. Les demandeurs d’emploi reçoivent une indemnité allant jusqu’à 244 dollars par semaine, mais doivent payer des frais de participation de 240 dollars. Les stages peuvent durer jusqu’à 12 semaines.

Pour les créateurs d’entreprises, ce sont les frais de séjour au Québec qui sont couver ts par le dépar tement, à hauteur de 1120 dollars. Les participants des délégations doivent eux payer un montant de 240 dollars pour l’inscription, l’hébergement et la logistique. Les stages durent de une à trois semaines.

Outre les aides, partir avec l’Office franco-québécois de la jeunesse offre d’autres avantages. Les stagiaires sont bien encadrés. L’OFQJ les aide à préparer leur séjour, à obtenir leur permis de travail et leur fournit un billet d’avion aller-retour.

Sur place, ils sont accueillis à l’aéroport et hébergés la première nuit. Ils bénéficient aussi d’une assurance rapatriement – hospitalisation.

Obtenir un visa, étape obligatoire

La Convention Guadeloupe-OFQJ a pour mérite principal de faciliter les départs vers le Québec, car, sans aide, s’installer au Québec n’est pas chose facile. Le Québec, province canadienne, pratique l’immigration choisie. Dès qu’il s’agit d’étudier pour plus de six mois ou de travailler, il faut obtenir un permis et les conditions d’obtention sont importantes, strictes : les principales sont la maîtrise du français et/ou l’anglais et des ressources financières suffisantes.

Néanmoins, les Guadeloupéens étant français, ils ont quelques privilèges. Le Canada et la France ont signé en octobre 2003 « un accord visant à faciliter et à augmenter les échanges de jeunes ».

Chaque année, jusqu’à 7 000 Français entre 18 et 35 ans peuvent participer au programme Vacances-Travail grâce auquel ils peuvent faire un stage, effectuer un job d’été ou travailler lors d’un voyage de découverte. Pour 2008, le quota a même été augmenté, passant de 7 000 à 9 500 places.

Pour les jeunes guadeloupéens désirant étudier plus de six mois au Québec, ils payent les mêmes frais d’études que les Québécois, ils économisent ainsi plusieurs milliers de dollars. Par contre, il leur faut tout de même un visa. Cela passe par un parcours long : être accepté dans une école, s’assurer de posséder sur son compte les 12 500 dollars pour l’année – une preuve bancaire est demandée, puis envoyer à l’ambassade du Canada en France ses demandes d’obtention d’un Certification d’acceptation du Québec (CAQ) et de permis d’études et enfin attendre minimum un mois.

Une fois toutes les démarches accomplies, il reste une dernière « formalité » aussi coûteuse que nécessaire : l’achat d’un billet d’avion. Les prix sont très chers, car Air Canada est la seule compagnie à assurer toute l’année des liaisons directes entre la Guadeloupe et Montréal.

De plus, il n’y a qu’une liaison par semaine, le samedi. L’hiver et l’été, il y en a une supplémentaire, en milieu de semaine. En moyenne, il faut compter pour un aller/retour 1 500 dollars.

Publié dans Le carrefour des opinions, 2008, volume 4.

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