Interview MAXI format : Lorick Hebreu, entrepreneur pressé, écrivain « caché »

Je suis obligée de commencer ce billet MAXI format par une confession : j’ai eu toutes les peines du monde à écrire ce texte. Je l’ai écrit en plusieurs fois. J’avais l’esprit distrait par le bouclage du numéro de Foodîles, le magazine totalement #FOOD, qui sortira en mai. J’étais aussi fatiguée. Je me suis demandée à maintes reprises pourquoi j’avais accepté.

Oui, je sais, je parle de moi, alors que ce billet porte sur Lorick Hebreu et il y en a à dire, ou plutôt à écrire ! Il m’a envoyé un message WhatsApp il y a quelques jours, de la part de l’un de mes cousins, et j’ai pris rendez-vous avec lui, malgré mon agenda très chargé. Il m’a convaincu en quelques lignes que son profil, ses projets, valaient bien un billet de blog et notre entretien n’a fait que confirmer mon opinion.

Bref, trêve de bavardage, rentrons dans le vif du sujet : Lorick. Ce Guadeloupéen est entrepreneur et écrivain, et chacune de ses facettes présente des particularités qui méritent bien de s’y intéresser.

Un entrepreneur à l’agenda bien chargé

Tu m’as écrit sur WhatsApp : je fais du conseil aux entreprises en prévention des risques professionnels et respect des conditions de travail des salariés. En quoi consiste exactement ton métier ?

« Je suis dans le domaine de la qualité, de la sécurité, de l’environnement. Cependant, la majeure partie de mon activité porte sur l’accompagnement des entreprises concernant l’évaluation des risques professionnels. J’ai commencé ma carrière il y a une quinzaine d’années. D’abord en tant que salarié, puis à mon compte depuis 2016. Mon entreprise est localisée à Pointe-à-Pitre, mais j’interviens partout en Guadeloupe et ses dépendances. Je peux aussi me déplacer en Martinique, en Guyane, etc. Même si je suis seul au sein de ma société, je collabore avec des professionnels dont les activités sont complémentaires à la mienne : ergonome, psychologue du travail, coordonnateur sécurité-protection de la santé (SPS) spécifiquement sur les chantiers. D’ailleurs, je suis moi-même coordonnateur SPS. »

Est-ce que ta profession a été un choix par vocation ?

« Exactement. J’ai découvert ce métier lorsque j’effectuais mon BTS en productique mécanique au lycée Charles Coeffin à Baie-Mahault, ce cursus étant l’une des suites logiques après mon baccalauréat Scientifique – Sciences de l’Ingénieur (SSI). Pour obtenir mon BTS, j’ai effectué un stage de 6 semaines à Gardel (ndlr : une usine située au Moule). »

« Ma mission était d’évaluer les risques sur certaines unités de travail. J’ai trouvé cela très intéressant et j’ai décidé d’en faire ma profession. »

N’est-ce pas un métier assez répétitif ? En quoi est-il intéressant ?

« Oui et non. C’est répétitif, car certains paramètres et vérifications sont toujours les mêmes. Toutefois, ce sont des sites, des entreprises, différentes ayant chacun leurs propres spécificités. Il y a toujours des points qui changent et donc, matière à apprendre. De plus, cela me permet de découvrir une multitude de domaines d’activité. En effet, j’ai réalisé des audits dans des boulangeries, des laboratoires, des restaurants, des administrations, des commerces ainsi que pour des entreprises du BTP. »

Je n’avais pas idée que quelqu’un puisse choisir un tel domaine d’activité par vocation. Et en même temps, je ne connaissais que peu ce métier. Je ne suis sans doute pas la seule… J’ai donc trouvé intéressant d’aborder ce sujet dans la première partie de ce billet de blog. Néanmoins, ce qui a vraiment retenu mon attention, je m’en vais vous l’écrire.

L’écriture, une très ancienne passion

Tu m’as également écrit sur WhatsApp : je suis écrivain, j’ai une page Insta (ndlr : le réseau Instagram) où je publie mes textes (style érotisme essentiellement). Raconte !

« Vers l’âge de 8 ans, je lisais beaucoup, vraiment beaucoup. C’était un moyen pour moi de m’évader, de sortir du quotidien. J’adorais ça ! En grandissant, je lisais plus de mangas que de livres. J’avais d’autres préoccupations.

« Au début de la vingtaine, j’ai eu ce besoin de m’exprimer. C’était assez personnel. J’ai commencé à écrire, à me soulager sur des pages blanches. »

« A cette époque-là, j’appréciais particulièrement le jeu de séduction. Quand tu sais manier les mots, cela fonctionne bien avec les femmes. (sourire) J’ai alors pris plaisir aux deux : d’une part, me décharger de certaines pensées, situations vécues, en écrivant ; d’autre part, à séduire en faisant usage de mots épicés, de belles tournures de phrase. »

A quel moment as-tu décidé de ne plus écrire pour toi seul ?

« En 2012, j’ai rédigé un texte que j’ai montré à ma copine de l’époque. Elle m’a encouragé à poursuivre, à partager avec d’autres personnes. Je l’ai donc envoyé à quelques proches. J’ai obtenu de très bons retours, dont des encouragements à poursuivre l’écriture. »

« Je me suis dit : pourquoi pas écrire des histoires de temps en temps et les faire lire aux autres ? Je n’étais pas très productif, un ou deux textes tous les deux ans, donc rien d’extraordinaire. »

« Cela a duré comme cela jusqu’au premier confinement, en 2020. Je me suis retrouvé avec beaucoup de temps. Ce qui m’a permis de me dédier plus intensément à ma passion. Jusqu’à l’écriture d’un texte que j’ai partagé à une trentaine de personnes, comme d’habitude. J’ai été agréablement surpris par les commentaires. Au détour d’une discussion avec une très bonne amie (Ma petite abeille), est née l’idée d’exploiter mon art et de le révéler au grand public. Nous avions à l’époque comme projet de créer un blog afin de toucher un maximum de personnes.
Elle m’a mis des étoiles dans les yeux et cela m’a donné envie de me confronter aux avis de personnes qui ne me connaissent pas et qui seront de fait objectives, sincères. Nous connaissons tous la cruauté possible sur internet. Certes, j’ai dans mon entourage des personnes assez directes, mais le retour d’étrangers, d’internautes, constituait pour moi un nouveau challenge.
Malheureusement, le temps est passé, le confinement a pris fin, chacun est retourné à ses obligations personnelles et professionnelles. L’idée, elle, continuait à me trotter dans la tête. J’ai donc décidé d’ouvrir un compte Instagram @red_e_dou en juin 2021. Il y a eu un bel engouement dès le départ, qui m’a étonné, mais aussi motivé, car je ne m’attendais pas à autant d’intérêt. J’ai développé une petite communauté. Cela fait plaisir. »

« Je suis d’ailleurs en train de développer ma marque Rèd é dou. Je propose des tee-shirt, des grosses coupes de champagnes, des sacs, des stickers estampillés. »

Je vous laisse allez découvrir le compte @red_e_dou. Attention, il y a de l’érotisme dans l’air. Vous ne pourrez pas dire que je ne vous avais pas prévenu ! Allez, je ne résiste pas à l’envie de placez ici un post – soft – de Monsieur Rèd é Dou.

Quand Instagram ne suffit plus…

« Pour alimenter ma page sur Instagram, j’écris de façon beaucoup plus régulière. Je travaille mon style. Par ailleurs, en 2021, j’ai aussi commencé un roman qui n’est toujours pas terminé. Il faut vraiment que je prenne le temps d’écrire, car tout est déjà fait : l’idée, la liste des péripéties, le début et la fin qui sont déjà rédigés.

En début d’année, j’avais pris la décision d’écrire un chapitre par semaine, mais les jours passent et j’ai du mal à m’y tenir. Je vais me faire taper sur les doigts, car j’ai la chance d’avoir dans mon entourage des proches qui me soutiennent, me poussent, et n’attendent que d’avoir ce roman entre les mains.

La réaction de ce livre était mon objectif 2022. Je l’ai reporté à 2023. Nous sommes en mai et je n’ai pas écrit une ligne de plus. »

 

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Une publication partagée par Plézi Poézi (@plezipoezi)

Comment est née l’idée de lancer des lives Instagram tous les jeudis soir avec des invités auteur, slameurs, chanteurs ?

« Un jour, j’ai regardé une vidéo sur Insta qui montrait une scène ouverte aux Etats-Unis, où se succédaient des poètes, des slameurs. J’ai trouvé le concept génial : les textes, l’ambiance, la connexion avec le public. J’ai publié un post à ce sujet en invitant mes camarades de plume à faire de même en Guadeloupe. Ils ont été également très intéressés par l’organisation d’un tel rendez-vous.
Il y en a une, qui a tout de suite été emballée par l’idée, et nous avons lancé des lives sur le compte Instagram @plezipoezi tous les jeudis à partir de 19h dans le but de préparer le terrain pour la scène physique Plézi Poézi. Lors des live nous avons un artiste invité qui déclame de la poésie ou qui slame. »

« Nous allons organiser un rendez-vous irl (in real life) chaque mois. Le premier aura lieu le jeudi 4 mai à partir de 19h, à Plaisir Sans Ivresse à Jarry, à Baie-Mahault. C’est un nouveau challenge. »

 

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Une publication partagée par Plézi Poézi (@plezipoezi)

Un mot de la fin ?

« C’est intéressant de se fixer des défis et d’évoluer. Je suis friand de faire de nouvelles découvertes et j’encourage tout le monde à en faire de même. Avoir cette satisfaction de réussir en étant sorti de sa zone de confort. Et même si vous échouez, il s’agit de tirer les bonnes leçons pour faire mieux par la suite. »

J’ai beaucoup apprécié d’échanger avec Lorick Hebreu. C’est un entrepreneur qui a de la suite dans les idées. Souhaitons qu’il termine un jour ce roman tant attendu !
Je ne peux achever ce billet de blog sans revenir sur l’anonymat qu’il souhaite conserver, d’où mon titre et cette photo de couverture très particulière. Je comprends et respecte son choix. Dans ce monde où la visibilité semble reine, il est possible de de ne pas s’exposer (à outrance) et de, malgré tout, séduire les foules. De plus, « se cacher » permet de conserver une certaine sérénité, très positive pour l’écriture.
Et cependant, une fois cela dit, combien de temps Lorick Hebreu parviendra-t-il à laisser son visage dans l’ombre ?

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