Rencontres caribéennes : Doris Nol, une Martiniquaise à Sainte-Lucie

Il y a environ deux semaines, Mylène me confiait une nouvelle tâche : interviewer des caribéens. Pour moi, qui n’ai quasiment jamais fait d’interview, cet exercice est un excellent moyen d’échanger avec des personnalités diverses et d’en savoir plus sur des personnes à grand potentiel qui portent haut les couleurs de la Caraïbe, chez nous et à l’étranger.

Et comme nous la connaissons bien, Mylène ne s’est pas uniquement contentée de me confier des interviews. Il fallait qu’elles soient en anglais ! Parfait pour pratiquer la langue de façon ludique et, de développer des compétences linguistiques. Ou comment joindre l’utile à l’agréable ! J’ai donc décidé de créer une petite série d’interviews « Rencontres caribéennes », avec ces différentes personnalités. Il s’agit d’échanger sur leur parcours professionnel mais aussi les questionner sur leur ressenti quant à la problématique actuelle de crise sanitaire mondiale. Bien sûr, nous avons évoqué la région caribéenne.

La première personne que j’ai eu l’opportunité d’interviewer est Doris NOL. Cette Martiniquaise vit actuellement à Sainte-Lucie, où elle est Digital Marketing Officer pour l’Organisation des Etats de la Caraïbe Orientale (OECS). C’est une femme aux multiples compétences, qui étend ses activités sur de nombreux domaines tels que l’interprétariat, par exemple. Elle est également la fondatrice de Caribexpat.com, le 1er réseau de la communauté antillo-guyanaise pour partir dans le monde ou rentrer au pays.

A travers une poignée de questions, elle a su me dévoiler sa vision de la Caraïbe et m’en dire plus sur ses activités professionnelles au quotidien.

Doris NOL en compagnie du Dr. June SOOMER, secrétaire générale de l’Association des Etats de la Caraibe lors de la conférence internationale sur les sargasses en Guadeloupe.

De la Martinique à Sainte-Lucie

La Martinique, son île natale, elle la porte dans le cœur. Pourtant, à ma grande surprise, elle m’avoua : « je l’aime encore plus quand je n’y vis pas ! ». En effet, pour Doris, ne pas vivre en Martinique est une occasion de se recentrer sur l’essentiel. En dépit du manque et de la distance, elle s’efforce de garder ce contact, notamment à travers ses relations professionnelles, parmi lesquelles figurent des personnes de la Martinique, avec lesquelles elle partage les mêmes liens culturels.

Doris a choisi de développer son réseau dans la Caraïbe. Un choix qui lui permet d’allier ses différentes compétences (comme la maîtrise des langues étrangères) et d’avoir un environnement de travail qui s’étend à l’international, tout en restant proche de son île natale. De plus, elle parvient à utiliser toutes ses capacités dans le métier qu’elle exerce : celui de Digital Marketing Officer à l’OECS. Son rôle consiste à augmenter la visibilité de l’OECS et ses projets via les canaux digitaux (optimisation du site internet et notamment par la gestion des réseaux sociaux)et en échangeant avec des collègues francophones sur un certain nombre de sujets.

« Je n’ai pas vraiment de préférence lorsqu’il s’agit d’utiliser mes différentes compétences ».

Par ailleurs, elle m’a fait part de sa vision concernant les opportunités dans la Caraïbe. Celles-ci ne manqueraient pas. Ainsi, les entreprises des territoires français de la Guadeloupe et de la Martinique, mais aussi de Sainte-Lucie et des autres territoires de l’OECS, pourraient en bénéficier, notamment en matière de formation, d’innovation, de transformation numérique et d’ouverture d’entreprises, fournissant des services qui n’existent pas encore ici. Le défi serait le marché. « Sainte-Lucie, par exemple, a un marché très limité (moins de 200 000 personnes vivent ici. Il faut ensuite affiner ce calcul en fonction du produit, ou du service que l’on veut faire connaître et du pouvoir d’achat, ainsi que de la cible. Mais en même temps, c’est aussi une opportunité, surtout pour les prestataires de services, car certains d’entre eux, en fonction du service qu’ils fournissent, pourraient travailler à domicile (ce qui est très en vogue). »

Quant à elle, en tant que consultante en marketing digital pour d’autres entreprises en parallèle de son travail à temps plein à l’OECS, elle est très à l’aise avec cette idée. Il est donc possible de surmonter la distance et les barrières linguistiques.

Doris Nol. Photo de Bruno Tifox.

A propos de CaribExpat.com

Je fus curieuse d’en savoir plus sur son site web CaribExpat.com qui avait déjà attiré mon attention auparavant. Créé en 2013, il s’agit en fait de la première communauté pour les personnes des territoires francophones de la Caraïbe (Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin et s’étendant à la Guyane française). Au sein de la communauté, l’objectif est de faciliter l’évolution des carrières, des projets et autres activités, pour tous et partout, via le lien culturel, le plus fort selon Doris.

« Je pense vraiment que peu importe où vous allez, quelle que soit région où vous choisissez de travailler, une grande partie de votre identité se construit par la culture. »

Le lien culturel est donc une façon de se sentir proche d’autrui, même loin de chez soi. Elle l’a également vécu lors de sa venue à Sainte-Lucie. Bien que l’île soit proche de celle dont elle est originaire, Doris fut très heureuse de trouver des Martiniquais qu’ils soient dans l’île pour le week-end ou qu’ils y vivent, pour lui donner des conseils et l’aider. « Cela nous rend plus fort. Quand vous êtes chez vous, vous ne ressentez pas vraiment le besoin de vous connecter avec les autres, mais quand vous n’êtes pas chez vous, c’est le contraire qui se produit. Vous avez besoin de vous connecter avec des gens qui vous ressemblent, qui ont les mêmes références culturelles. Cela aide beaucoup à renforcer la solidarité, plus que toute autre chose. »

Tout le monde peut consulter le site de CaribExpat.com. C’est gratuit, rapide et facile. En quelques secondes, vous pouvez créer un compte et découvrir des personnes d’autres pays, si vous souhaitez voyager et vous installer quelque part. Vous pouvez également avoir accès à tout ce qui est mis en ligne par la communauté.

«Nous avons des membres dans 90 pays et plus de 200 villes dans le monde. »

Vous trouvez ici des articles, interviews, événements, tout ce qui peut vous aider à faire avancer votre projet. Le service est gratuit pour le public, mais Caribexpat.com travaille avec des partenaires publics et privés proposant des produits/services liés aux voyages et à la mobilité professionnelle internationale, ce qui constitue la principale ressource du site pour le maintenir en ligne de façon durable. Le petit plus ? Le guide 100 adresses pour partir à l’étranger contenant des conseils pour les pays est disponible en téléchargement gratuit.

Faire face au COVID-19

L’un des principaux enjeux de la crise sanitaire mondiale est le retour au pays. Amatrice de voyages, Doris s’était habituée à pouvoir rentrer chez elle au moins deux fois par an. Elle n’a pas toujours pu se le permettre, notamment quand elle travaillait au Brésil ou à Paris. Grâce à son travail actuel, elle peut exercer à domicile.

Le principal défi reste de ne pas pouvoir voir ses proches. Toutefois, le COVID-19 lui a permis de mesurer qu’un travail à 100% à distance était possible. « A terme, j’ai pour projet d’être consultante marketing digital à temps plein et créer mon entreprise dans ce secteur. J’ai l’intention d’étendre mon portefeuille clients à divers pays, donc j’essaie de supprimer la contrainte physique d’être dans un lieu de travail particulier. »

La crise sanitaire lui a permis de se recentrer sur l’essentiel, notamment durant la période de confinement survenue plus tôt cette année. Cela se manifeste par des actions du quotidien : « Aller au supermarché et y trouver de la nourriture (à un moment donné, ce n’était pas le cas quand nous étions en confinement, que partout était fermé et que beaucoup de personnes n’ont pas pu se préparer à cette décision prise par le gouvernement un peu du jour au lendemain), prendre soin de soi, être en sécurité́ et rester en contact avec nos proches. Cela nous rappelle ce qui est le plus important dans la vie. »

 

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Photo de couverture : Doris NOL au siège de l’OECS à Castries, Sainte Lucie – Crédit photo : Bruno Tifox.

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Comments

  1. JULIARD Jean

    Toutes mes félicitations et ma meilleure motivation et très haute collaboration pour vous accompagner dans tout vos projets dans cet univers professionnel formidable!
    Cordialement,

  2. Pingback: Rencontres caribéennes : des Antilles à l’Allemagne avec Jean-Michel Hauteville

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