Grande Caraïbe : une présence de plus en plus marquée de la Chine en 3 projets majeurs

Je devrais parler plus de la Chine sur le blog. Oui, la Chine, car elle est de plus en plus reliée à la Grande Caraïbe. En effet, la puissance a développé une présence croissante dans la région au cours des dernières décennies, en particulier à travers son initiative Belt and Road Initiative (BRI) ou « Nouvelles Routes de la Soie ».

Jusqu’à présent, je n’avais consacré que trois billets de blog à la Chine et la Grande Caraïbe :

 

Ce n’est vraiment pas assez, compte tenu de l’importance de l’enjeu, voire la problématique, que cela représente. J’ai donc eu envie de traiter ce sujet, en évoquant trois grands projets caribéens financés par la Chine ces dernières années.

 

Jamaïque

Le projet de construction de La North-South Highway a été réalisé par la China Harbour Engineering Company (CHEC), une filiale de la China Communications Construction Company (CCCC), et représente un exemple clé de l’influence croissante de la Chine dans les infrastructures caribéennes.

La North-South Highway, également connue sous le nom de Highway 2000 North-South Link, est une autoroute à péage qui relie Kingston, la capitale de la Jamaïque, à la côte nord de l’île, en particulier la ville touristique de Ocho Rios. Cette route stratégique permet de raccourcir considérablement le temps de trajet entre le sud et le nord de l’île, passant de 2 heures à environ 45 minutes.

La construction de la North-South Highway a coûté environ 679 millions d’euros. Elle a commencé en 2012 et s’est achevée en 2016. Elle comprend plusieurs tunnels, viaducs et ponts, ce qui en fait un projet d’ingénierie complexe.

A noter

1. Le projet a été réalisé sous forme de partenariat public-privé (PPP), avec un accord où la China Harbour Engineering Company (CHEC) a financé et construit l’autoroute en échange de la gestion du péage pour une période de 50 ans.

2. Les frais de péage imposés par CHEC ont été jugés élevés par certains utilisateurs, ce qui a limité l’accès à l’autoroute pour certains Jamaïcains, surtout pour les habitants des zones rurales.

3. Certains observateurs ont exprimé des inquiétudes concernant la dépendance croissante de la Jamaïque envers la Chine, en particulier à travers des projets financés par des prêts. Le contrôle chinois sur l’autoroute pour une période aussi longue a soulevé des questions sur la souveraineté économique du pays.

 

Bahamas

Le projet Baha Mar est l’un des plus grands et des plus emblématiques complexes touristiques de la région des Caraïbes. Bien qu’il ait connu des retards, il est devenu un symbole de l’influence chinoise dans l’industrie touristique régionale.

Situé aux Bahamas, sur l’île de New Providence près de la capitale Nassau, Baha Mar est un méga complexe composé de trois hôtels de luxe, le plus grand casino des Caraïbes avec une superficie de 9 300 m², un centre de congrès, des terrains de golf, ces spas, restaurants, et boutiques de luxe.

Le financement du projet Baha Mar a largement reposé sur la China Export-Import Bank (Exim Bank of China), qui a investi environ 2,33 milliards d’euros. La China Construction America (CCA), une filiale de la China State Construction Engineering Corporation (CSCEC), a été chargée de la construction du projet.

A noter

1. Le projet a pris beaucoup plus de temps que prévu, ce qui a conduit à des dépassements de budget et à des tensions entre les développeurs, la banque chinoise, et la société de construction.

2. En 2015, les promoteurs du projet ont déclaré faillite aux États-Unis, ce qui a provoqué une interruption temporaire des travaux et de longues négociations entre les créanciers et les investisseurs. Le propriétaire d’origine, l’homme d’affaires bahamien Sarkis Izmirlian, a finalement été écarté du projet. Le groupe Chow Tai Fook Enterprises, basé à Hong Kong, a acquis Baha Mar en 2016, prenant ainsi le contrôle du projet avant son ouverture officielle.

3. Les retards ont eu un impact négatif sur l’économie des Bahamas, entraînant des pertes d’emplois et des frustrations parmi la population locale. Le gouvernement a dû intervenir pour tenter de résoudre les différends et faire redémarrer les travaux. L’ouverture du complexe en 2017 a stimulé l’économie locale, en créant des milliers d’emplois dans le secteur du tourisme et des services. Toutefois, le poids de l’endettement contracté pour la construction, principalement auprès de la Chine, reste un sujet de discussion.

 

Cuba

Le port de Santiago de Cuba est un important port commercial et stratégique situé dans la deuxième plus grande ville de Cuba, Santiago de Cuba, sur la côte sud-est de l’île. Il joue un rôle essentiel dans l’économie de la région orientale de Cuba et a attiré des investissements étrangers pour sa modernisation, en particulier de la part de la Chine.

Situé sur la côte sud de Cuba, Santiago de Cuba est idéalement positionné sur la mer des Caraïbes, offrant un accès direct aux routes maritimes reliant l’Amérique latine, les Caraïbes et l’Europe. Cela en fait un point de connexion clé pour les échanges commerciaux. Le port gère une variété de marchandises, y compris des produits agricoles, des matériaux de construction, des biens de consommation, ainsi que du pétrole et du gaz.

La China National Machinery Import and Export Corporation (CMC) a été impliquée dans un projet de modernisation du port, comprenant la reconstruction de quais, l’amélioration des infrastructures de manutention et l’expansion des capacités de traitement des marchandises. Les investissements chinois dans ce projet sont estimés à plusieurs centaines de millions d’euros.

La Chine a fourni des équipements modernes, comme des grues et des systèmes de manutention, afin d’augmenter la capacité du port à traiter de plus grands volumes de marchandises, et à accueillir des navires plus imposants.

A noter

1. Le port, une fois modernisé, a vu une augmentation de son trafic maritime, facilitant les échanges commerciaux non seulement avec la Chine, mais aussi avec d’autres pays d’Amérique latine, des Caraïbes, et même de l’Europe. Cepenant, en dépit des investissements, une partie des infrastructures du port reste vieillissante et nécessiterait des travaux supplémentaires pour moderniser l’ensemble du complexe.

2. Le projet a contribué à créer des emplois locaux, tant dans la phase de construction que dans la gestion des nouvelles infrastructures portuaires.

3. Le port de Santiago de Cuba est également devenu un point d’entrée important pour les produits chinois destinés à l’île, renforçant ainsi les échanges économiques bilatéraux.

 

Ces projets sont un moyen pour la Chine de renforcer son influence dans la Grande Caraïbe, région traditionnellement liée aux États-Unis et à l’Europe. La manne financière chinoise est synonymes d’opportunités de développement pour les pays de la Grande Caraïbe. Néanmoins, la Chine ne donne rien pour rien, d’où une emprise qui se renforce au fil des prêts, des aides, des avantages.

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