Pourquoi la Guadeloupe, caribéenne, a des échanges commerciaux très limités avec ses voisins

Je continue à vous partager des extraits de la conférence que j’ai livrée le mercredi 17 avril, sur « La place de la Guadeloupe dans la Caraïbe » au Lycée Gerville Réache à Basse-Terre.

J’ai déjà partagé deux billets de blog :

• Parlons (plutôt) de la Grande Caraïbe
• Connaissez-vous le panaméricanisme ?

Et maintenant, je vous partage une partie très importante de mon propos.

Dans la Grande Caraïbe, la Guadeloupe est minuscule, c’est un confetti à côté des mastodontes. Un archipel de 1628 km2 et environ 380 000 habitants. Il faut garder cela à l’esprit pour comprendre sa place.

La Guadeloupe est caribéenne, de par son emplacement, son histoire, sa culture, sa biodiversité, les enjeux communs avec les autres territoires caribéens. Elle coche toutes les cases.

MAIS,en plus elle est française. Elle est devenue département français en 1946.

Et comme elle est française, elle fait partie de l’Europe, avec un statut particulier. Elle fait partie des Régions Ultrapériphériques (RUP), ce qui lui donne droit à des fonds européens en raison des contraintes impliquées par son éloignement géographique du continent européen.

Pourquoi je vous dis cela ? Parce que la Guadeloupe n’est donc pas un Etat indépendant. Elle doit faire avec les lois, les règles françaises et européennes. Cela rend complexe ses relations avec les Etats de la Grande Caraïbe.

A noter

• Elle n’est généralement pas considérée pour établir des statistiques sur la région.
• Elle ne peut pas bénéficier de certains dispositifs comme des bourses pour des Caribéens.
• Elle n’et pas pleinement intégrer dans la coopération régionale, mais cela je l’évoquerai dans un prochain billet de blog.

Des statistiques surprenantes…

Je vais citer les derniers chiffres proposés par l’Institut national de la statistique et des études économiques. Ils sont pour l’année 2022.

• Les  importations de la Guadeloupe : un peu plus de 4 milliards d’euros : alimentaire, automobile, énergie, matériels pour construction, etc,
• Les exportations de la Guadeloupe : 419 millions d’euros  (produits pétroliers raffinés vers la Guyane)

4 milliards d’importations venant d’où ?

En 2022, 55% des importations de la Guadeloupe proviennent de la France hexagone (à plus 6 700 km) pour un montant de plus 2,2 milliards d’euros.

• 76 % des « denrées alimentaires, des boissons et produits à base de tabac »
• 68 % des équipements mécaniques, matériel électrique, électronique et informatique
• 56 % du matériel de transport
• 73 % des autres produits indus

Après la France, qui ?

• les Etats-Unis pour les produits pétroliers raffinés(carburants) : 728,2 millions
• l’Union européenne (hors France et produits pétroliers)  : 440 millions
• la Martinique : 114 millions
• la Guyane : 5,9 millions
• le reste de la Caraïbe :  80 millions, soit 1,5% environ.

Pour les exportations : La France est le premier client, avec plus de 60% des exportations de la Guadeloupe.

La Guadeloupe importe et exporte très peu (10% de ses exportations) avec les pays caribéens : des produits pétroliers, de l’agro-alimentaire, de l’alimentation.

Pourquoi ses relations limitées ? A cause d’un système de longue date !

• Nous avons des règles restrictives de la France et de l’Europe
• Nous avons des produits plus chers du fait d’une main d’œuvre et des coûts de production élevés.
• Nous avons le coût du transport, les droits de douane.
• Nous avons des entrepreneurs et des entreprises qui se tournent naturellement vers l’Europe, par manque de connaissances, par peur.